Mathieu
Debaar est
né en 1895 à Cornesse, près de
Pepinster et décéda, jeune encore,
à Verviers en 1954. Après de bonnes
études à l'Athénée de
Verviers, il entreprend des études musicales
au Conservatoire de Verviers, puis au Conservatoire
de Liège, où il étudie avec
succès le violon, le hautbois, l'harmonie et
la musique de chambre. A peine sorti du
Conservatoire, il se met au travail et joue dans
des orchestres, notamment à Metz, à
Spa, à Ostende et à Mondorf. Bien
avant sa nomination au Conservatoire de Verviers,
il entreprend sa véritable carrière
en participant à de nombreux
concerts.
Sa
carrière de violoniste l'amena à
interpréter en soliste de nombreuses
uvres, ainsi que les Concertos de Vieuxtemps
et de Glazounov. Ce dernier lui valut une
médaille dans la classe de Mathieu Crickboom
au Conservatoire de Liège. C'est dans le
domaine de la musique de chambre que sa
discrétion naturelle, sa réserve et
la qualité de ses sentiments trouvent leur
plein emploi. Pendant la première guerre
mondiale, Mathieu Debaar fonda un quatuor à
cordes, avec MM. Dengis, Guilleaume et Wetzels. Une
dizaine d'année plus tard, il avait pour
partenaires MM. Schneider, Fléron et Larue.
Ces artistes abordèrent les uvres les
plus importantes du répertoire classique et
moderne. Un troisième quatuor, né
pendant la seconde guerre mondiale, avec MM.
Grosjean, Paulus et Hurard, avait pour but
d'organiser des concerts à l'intention de la
jeunesse, un peu désaxée par la
guerre et de la ramener vers les vraies richesses
des chefs-d'uvres.
Chef
d'orchestre, il a dirigé de nombreux
concerts pour la Schola Verviétoise et
à la Société d'Harmonie. Il
fut également chef de chur à la
Schola Verviétoise, à l'origine,
chorale mixte. Dans ce domaine, son activité
ne fut jamais aussi féconde qu'à la
Chanterie, groupe choral mixte, fondé en
pleine guerre. Cette chorale organisa, en 1944, un
concert commémorant le 50ème
anniversaire de la mort de Guillaume Lekeu. Lors de
ce concert, sous la direction de Mathieu Debaar,
furent exécutées la cantate
Andromède, le Chant de triomphale
délivrance, l'Adagio pour quatuor
d'orchestre et la Fantaisie sur deux airs
populaires angevins.
Au
Conservatoire de Musique de Verviers, où il
fut nommé professeur en 1923, Mathieu Debaar
enseigna le violon et le solfège. Il y
trouva un auditoire digne de son savoir. C'est dans
cet établissement, alors sous la direction
d'Albert Dupuis, qu'il dispensa à ses
élèves le meilleur de sa culture et
de son expérience. Il a laissé dans
cette institution le souvenir d'un maître
respecté.
En
1934, Mathieu Debaar fut nommé professeur
à l'Ecole Normale. Le climat y est quelque
peu différent : mal préparés
à l'enseignement artistique, les
élèves-instituteurs
considéraient souvent la musique comme un
divertissement anodin. À l'intention de ses
élèves, Mathieu Debaar publie alors
un Résumé de l'Histoire de la
Musique, bientôt suivi d'une Histoire du
Violon et d'une Histoire du Piano. Il a encore
conçu, à l'intention des cours de
solfège, un Traité des Accords et
méditait encore, à la fin de sa vie,
une Histoire du Quatuor à
Cordes.
Après
ses excellentes études d'harmonie, Mathieu
Debaar fut naturellement tenté par la
composition. En tant que compositeur, il
bénéficia, à travers Guillaume
Lekeu, de l'influence de la Schola Cantorum, qu'il
avait assimilée et adaptée à
sa propre sensibilité d'artiste wallon. Il a
écrit pour toutes les formations, dans tous
les styles. Il s'est adressé aussi bien aux
voix qu'à l'orchestre et à divers
instruments à cordes ou à vent, sans
se départir de son talent
habituel.
Mathieu
Debaar nous a laissé, parmi d'autres
uvres, deux Quatuors à cordes, un
Concerto pour violon et orchestre, un Trio en
ré mineur, pour violon, violoncelle et
piano, un "Concertino" pour trompette et piano, une
"Légende et Caprice" pour trombone et piano,
une "Pièce concertante" pour tuba et piano,
un "Impromptu" pour flûte et orchestre (ou
piano) et une "Suite pour Trio d'anches" pour
hautbois, clarinette et basson.
Philippe
Bayard (d'après R. Michel)
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