Albert
Dupuis est
né à Verviers le 1er mars 1877.
Dès l'âge de huit ans, il suit les
cours de violon, de piano et de flûte au
Conservatoire de sa ville natale. A l'âge de
quinze ans, il devient répétiteur au
Grand Théâtre de Verviers et
reçoit ses premières leçons
d'harmonie de François Duysings, un
éminent professeur du Conservatoire. Albert
Dupuis eût la faveur d'être
présenté à Vincent d'Indy, de
passage à Verviers. Celui-ci lui propose de
travailler avec lui à la Schola Cantorum
qu'il vient de fonder. Grâce au
mécénat d'Edmond Bastin, Albert
Dupuis s'installe à Paris dès 1897,
où il étudie la composition avec
d'Indy lui-même et l'orgue avec Guilmant.
Après deux années de travail intense,
il rentre en Belgique pour se présenter au
Concours du Prix de Rome et reçoit un
premier second prix. En 1900, Albert Dupuis
abandonne la Schola, puis rentre à Verviers
où il se marie et se prépare à
nouveau au Prix de Rome. Il ne présente
l'épreuve qu'en 1903, mais il est
récompensé d'un premier grand prix
pour la cantate « La Chanson d'Halewijn
». Il accepte, en 1905, la fonction de chef
d'orchestre du Théâtre de Gand, mais
cette tâche l'absorbe totalement et lui
laisse peu de temps à consacrer à la
composition. En 1907, le conseil communal de la
Ville de Verviers confie à Albert Dupuis la
direction du Conservatoire, devenue vacante, suite
au départ de Louis Kéfer. Il occupe
ce poste jusqu'à sa retraite en 1947.
À la fin d'une carrière
particulièrement longue et fructueuse, il se
retire à Bruxelles où il
décède le 19 septembre
1967.
Albert
Dupuis est sans conteste le compositeur lyrique
belge le plus fécond de la première
moitié de XXe siècle, tant par la
quantité et par le retentissement à
l'étranger, que par la vérité
dramatique de ses uvres. Il s'est
également distingué dans la
composition de musique pure et il a
également produit, avec le même
talent, des trios, des quatuors, des
mélodies, des churs ainsi que de
nombreuses uvres pour les instruments les
plus divers. Ce compositeur est une figure
exceptionnelle qui mériterait d'être
plus connu du public des scènes lyriques et
des grands orchestres. Bien qu'il soit manifeste
qu'Albert Dupuis ait gardé de son passage
à la Schola Cantorum une discipline
d'écriture spécifiquement
post-franckiste, typique des élèves
de Vincent d'Indy, il a su pourtant, grâce
à un esprit ouvert, assouplir ces
règles dans une musique où l'on
trouve une veine mélodique extrêmement
personnelle, empreinte d'une sage émotion.
Il ne se trouve aucune uvre - y compris les
petites pièces écrites par
distraction ou par obligation - qui n'en porte la
marque, telles les nombreuses pages
destinées aux concours du Conservatoire.
Chaque composition d'Albert Dupuis se
caractérise par un choix unique de
thèmes appropriés. On retrouve dans
ces phrases qui parlent tant, une franchise, une
bonne humeur et une simplicité, qui sont
présentes - quoique d'une façon plus
tragique - dans les pages qu'eût à
peine le temps d'écrire l'infortuné
Guillaume Lekeu.
Philippe
Bayard (d'après R. Michel)
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