Louis
Lavoye est
né à Liège le 13 août
1877 et il y est décédé le 29
juillet 1975. Entré au Conservatoire de
Musique de Liège en 1887, à
l'âge de 10 ans, il y obtint successivement
le 1er prix de solfège en 1892, le 1er prix
d'harmonie en 1896, dans la classe de Sylvain
Dupuis, le 1er prix de piano en 1897, dans la
classe de Sydney Vantyn, les diplômes
supérieurs de piano en 1900 et d'orgue en
1901, dans la classe de Charles Danneels, puis le
1er prix de fugue en 1902. Il fut nommé
professeur au Conservatoire de Liège en 1908
et y enseigna le solfège, le piano, puis
l'harmonie à partir de 1928, accessoirement
l'orgue et l'histoire de la musique. Admis à
la retraite en 1942, il assuma encore en 1951
l'interim de la classe d'orgue,
libérée par le départ de son
titulaire Charles Hens. Il fut encore
critique musical au journal « La Meuse »
de 1922 à 1973.
Organiste
virtuose, il fut également
élève de Charles-Marie Widor à
Paris, donna de nombreux récitals tant en
Belgique qu'à l'étranger et fut
organiste titulaire à l'église
Saint-Jean l'évangéliste, où
ses prestations dominicales étaient toujours
suivies par un public attentif.
Membre
fondateur de la Société
Liégeoise de Musicologie en 1909, Louis
Lavoye en devint le président à
partir de 1945. Sous son impulsion, il y fit
aborder les sujets les plus divers, depuis le
plain-chant jusqu'aux théories
dodécaphonistes. Il fut le premier à
mettre l'accent sur la valeur musicale
intrinsèque des opéras wallons de
Jean-Noël Hamal. En collaboration avec
José Quitin pour la partie biographique, il
commença la transcription des motets
à 8 voix de Lambert Coolen contenus dans le
Grand Livre de Chur de Saint-Lambert (1645).
À maintes reprises, il défendit
vigoureusement les uvres de son ami
Désiré Pâque, pour qui il
éprouvait une profonde admiration. Louis
Lavoye fut l'auteur d'une étude
détaillée sur la vie et l'uvre
du compositeur limbourgeois Charles
Smulders.
Compositeur,
il fut attiré par le modèle
franckiste et les doctrines de la Schola Cantorum,
qui passaient pour modernes et même
révolutionnaires par rapport à
l'enseignement non encore rénové du
Conservatoire. Louis Lavoye tenta ensuite d'inclure
dans son langage musical certains aspects du
plain-chant, comme le firent Maurice Emmanuel et
Charles Kchlin. C'était là un
moyen pour le compositeur d'exprimer sa
pensée dans un langage à la fois
très ancien, par la nature de modes et
très neuf, par les possibilités
d'enchaînements harmoniques qu'il offre.
Louis Lavoye puisa son inspiration dans la
liberté des harmonies modales, dans la
rigueur de la fugue, avec un soucis constant du
détail d'écriture et une autocritique
extrêmement sévère. Il
écrivit plusieurs uvres pour piano,
pour orgue, de la musique de chambre et
instrumentale, des mélodies et des
churs, des messes et des opéras sur
des livrets en wallon. Enfin, il fut l'auteur d'un
volumineux traité d'harmonie, remarquable
par sa musicalité et situé aux
antipodes des traditionnels ouvrages
« scolaires ».
Parmi
les uvres les plus remarquables de Louis
Lavoye, nous citerons la "Sonatine" pour piano,
dédiée à la mémoire de
Paul Gilson (1943), le "Prélude et Fugue"
(1941), la "Toccata" pour orgue (1939), la "Messe
de mariage" (1955) pour orgue, "Jeux" pour
flûte et piano (1932), la "Sonate" pour
trompette et piano (1933) , deux "Sonates" pour
violon et piano (1937 et 1959), un "Concerto" pour
cor et piano (1935) et deux "Quatuors à
cordes" (1943 et 1944), un "Requiem" pour
churs, cordes et orgue (1916) et une "Messe"
pour voix de femmes, cordes et orgue
(1918).
Louis
Lavoye eut un nombre considérable
d'élèves, parmi lesquels nous
pourrions citer, parmi tant d'autres, Berthe di
Vito-Delvaux et Michel Leclerc.
Philippe
Bayard (d'après José Quitin)
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