BIOGRAPHIE Jean
Rogister Jean
ROGISTER (Liège 1879 - Liège
1964) Jean
Rogister Cette
nomination, Jean Rogister ne la considérait
pas comme un aboutissement mais comme le point de
départ d'une carrière aussi riche que
diversifiée. À l'instar de ses
prédécesseurs et contemporains, ce
virtuose de l'alto étudie les techniques
díécriture musicale et de
composition. Il avait eu pour professeur
Jean-Théodore Radoux, un fervent franckiste,
et c'est tout naturellement que Jean Rogister lui
emboîte le pas. Le jeune compositeur cherche,
dans un premier temps, à concilier sa
pratique d'altiste et surtout de quartettiste avec
son goût pour la composition. Il compose en
1902 un premier quatuor à cordes, genre
auquel il restera fidèle toute sa vie. La
gestation de cette uvre coïncide avec
ses débuts dans le « Quatuor Charlier
». Cette double activité, Jean Rogister
la perçoit à nouveau comme un point
de départ. Pendant des années, le
musicien ne produit plus de nouvelles uvres.
Il étudie dans la discrétion. En
revanche, il multiplie ses activités de
chambriste et fut le moteur du « Cercle
Ad Artem », du « Quatuor
Chaumont » et du groupe « Piano
et Archets », avant de fonder en 1925 le
« Quatuor de
Liège ». L'année
1925 est importante, un point d'aboutissement.
Entre 1910 et cette année-là, Jean
Rogister vit des expériences fortes, des
confrontations uniques. Il se remet, d'abord,
à la composition et prend conseil
auprès de Vincent d'Indy. Altiste virtuose,
il quitte Liège pour les Etats-Unis
où, pendant dix mois, il est alto-solo
à l'« Orchestre Symphonique de
Philadelphie » alors dirigé par
Léopold Stokowsky. Il n'écrit pas
seulement pour le quatuor à cordes ou pour
l'alto, mais aussi pour le piano, pour l'orchestre,
pour le violon, le violoncelle ou le trombone.
À moins de 50 ans, Jean Rogister est en
pleine possession de vastes moyens. Les trente-cinq
ans qui lui restent à vivre seront
consacrés à approfondir et à
élargir ce qu'il avait lentement mis en
place. Il
y aura d'abord sa consécration de chambriste
avec le « Quatuor de
Liège » (avec Henri Koch, Joseph
Beck et Lydie Schor) dont les tournées
furent triomphales, tant en Europe qu'aux
Etats-Unis. Il y aura ensuite une immense
production d'uvres. Jean Rogister est
infatigable. Tout en lui suscite
l'intérêt. Ses compositions
reflètent cette curiosité. La
construction franckiste continue de le fasciner,
mais c'est plutôt vers un approfondissement
des timbres et des sonorités qu'il
s'oriente. Rien ne témoigne mieux de cette
recherche que la passion de la musique ancienne
qu'entretient alors Jean Rogister. Entre 1933 et
1940, au sein de l'« Association pour
l étude de la Musique de
Chambre », le musicien part à la
découverte de partitions anciennes,
s'intéresse à leur
interprétation et tente d'en comprendre les
secrets. La
guerre et des malheurs familiaux mettent
momentanément terme à cet
enthousiasme sans faille et cette activité
débordante. Pendant trois ans, le
compositeur se tait. Il reprend la plume pour
livrer en 1943 une uvre pour le moins
étonnante, une Symphonie pour quatuor
à cordes solo et grand orchestre, dans
laquelle il fait montre d'une remarquable
maîtrise de l'écriture, mais aussi
d'une fine assimilation des musiques anciennes
qu'il avait abondamment pratiquées. Cette
orientation vers le monumental l'occupe
jusqu'à la fin de sa vie : un Requiem
en 1944 et Jeux symphoniques en 1952 en sont les
témoignages les plus frappants. Quant
à son écriture pour soliste, elle
culmine dans un merveilleux Concerto pour violon et
orchestre, composé en 1945. Jean
Rogister meurt le 20 mars 1964. Si sa longue
carrière a été
émaillée de succès, c'est
avant tout la constance qui semble en être le
maître-mot. L'altiste ne s'est jamais
lassé de ses tâches de
pédagogue, se renouvellant sans cesse
à la joie de ses élèves. Comme
compositeur, il n'a jamais cherché à
se mettre en position de rupture, mais a
plutôt cherché à approfondir un
projet esthétique dont il avait très
tôt dessiné les contours. Ses
compositions sont également le
témoignage de ses multiples engagements de
musicien, un musicien perpétuellement en
quête de perfection et de
découverte. Philippe
Vendrix
Chargé de cours à
l'Université de Liège